Sous la treille, Jean mon frère aîné, officiellement fiancé à Mathilde, organisait quelquefois des surprises parties avec l’assentiment des parents. Le sol de terre blanche éclatant sous la lumière artificielle, les dessins réguliers tracés méticuleusement à la boucharde à rouleau sur le ciment des bordures, la nuit qui se découpait au travers des feuilles de la vigne, l’odeur fraîche du vent qui dans l’obscurité semblait monter le long des ceps à l’écorce ridée, tout contribuait, ces soirs là, à faire chanter la musique d’une façon indescriptible, et à pousser nos éclats de rire dans le soir.
La chambre attenante, dont la fenêtre était ouverte, abritait le tourne disques, on disait aussi le pick up. Bien qu’officiellement interdits de séjour dans ces divertissements pour grands, mon frère Damien et moi y assistions cachés à plat ventre sous l’un des lits, poussant même notre audace jusqu’à débrancher le tourne disques aux moments les plus intenses de la fête.
Pour être franc, je dois préciser que j’avais quelquefois un rôle dans ces fêtes. Ma future belle sœur insistait souvent pour que j’interprète devant l’assemblée, la chanson El Beso en España.
Cette chanson décrit comment la femme espagnole use du baiser comme le symbole de son attachement à l’amour véritable. Un baiser que l’on ne donne jamais par hasard mais uniquement lorsque l’on a rencontré l’homme que l’on aime.
Ces paroles que je ne comprenais pas vraiment, suscitaient des rires nerveux lorsque je les chantais et surtout l’ironie des adultes devant la naïveté du chanteur.
A l’époque, Joselito, l’acteur et l’enfant à la voix d’or jouissait d’un grand succès. Mes parents de culture espagnole écoutaient ses chansons, et celles des grands de la chanson espagnole, Manolo Escobar, Juanito Valderrama, mais aussi Gloria Lasso et Los Marcelos Ferial avec leurs reprises de Cuando calienta el sol, et de el Berebito.
Mon père, lui, de sa voix forte et bien placée, nous enchantait en reprenant la chanson El emigrante dont on savait qu’elle le faisait vibrer tant elle lui rappelait sa propre histoire.
Une main grande ouverte devant ses yeux, l’autre qui balayait l’espace devant lui, il plissait son front pour chanter :
- Cuando salí de mi tierra, volví la cara llorando, porque lo que más queria atras me lo iva dejando
(quand j’ai quitté ma terre, j’ai tourné la tête en pleurant, tout ce que je désirais le plus au monde, le l’abandonnais derrière moi !)
Il marquait à ce moment là, entre chacun des vers, un silence, comme hésitant à prononcer ces mots graves et lourds de sens.
Toutes ces chansons constituaient le répertoire familial, que nous connaissions par cœur et chantions à tue tête avec nos parents lors des déplacements en voiture.
Bien entendu, lors de ces surprises parties, les musiques nostalgiques cédaient rapidement la place aux rythmes à la mode, le rock’n’roll et le twist.
A l’occasion de ces surprises parties, nous avions découvert avec intérêt les talents de twister de notre cousin Christian.
Un genou à terre, ses jambes maigres serrées dans un pantalon bleu marine, il laissait onduler son autre jambe au rythme de la musique tandis que ses bras et sa tête s’agitaient à contretemps.
Sous les applaudissements, il reprenait à l’envie sa démonstration.
La chambre attenante, dont la fenêtre était ouverte, abritait le tourne disques, on disait aussi le pick up. Bien qu’officiellement interdits de séjour dans ces divertissements pour grands, mon frère Damien et moi y assistions cachés à plat ventre sous l’un des lits, poussant même notre audace jusqu’à débrancher le tourne disques aux moments les plus intenses de la fête.
Pour être franc, je dois préciser que j’avais quelquefois un rôle dans ces fêtes. Ma future belle sœur insistait souvent pour que j’interprète devant l’assemblée, la chanson El Beso en España.
Cette chanson décrit comment la femme espagnole use du baiser comme le symbole de son attachement à l’amour véritable. Un baiser que l’on ne donne jamais par hasard mais uniquement lorsque l’on a rencontré l’homme que l’on aime.
Ces paroles que je ne comprenais pas vraiment, suscitaient des rires nerveux lorsque je les chantais et surtout l’ironie des adultes devant la naïveté du chanteur.
A l’époque, Joselito, l’acteur et l’enfant à la voix d’or jouissait d’un grand succès. Mes parents de culture espagnole écoutaient ses chansons, et celles des grands de la chanson espagnole, Manolo Escobar, Juanito Valderrama, mais aussi Gloria Lasso et Los Marcelos Ferial avec leurs reprises de Cuando calienta el sol, et de el Berebito.
Mon père, lui, de sa voix forte et bien placée, nous enchantait en reprenant la chanson El emigrante dont on savait qu’elle le faisait vibrer tant elle lui rappelait sa propre histoire.
Une main grande ouverte devant ses yeux, l’autre qui balayait l’espace devant lui, il plissait son front pour chanter :
- Cuando salí de mi tierra, volví la cara llorando, porque lo que más queria atras me lo iva dejando
(quand j’ai quitté ma terre, j’ai tourné la tête en pleurant, tout ce que je désirais le plus au monde, le l’abandonnais derrière moi !)
Il marquait à ce moment là, entre chacun des vers, un silence, comme hésitant à prononcer ces mots graves et lourds de sens.
Toutes ces chansons constituaient le répertoire familial, que nous connaissions par cœur et chantions à tue tête avec nos parents lors des déplacements en voiture.
Bien entendu, lors de ces surprises parties, les musiques nostalgiques cédaient rapidement la place aux rythmes à la mode, le rock’n’roll et le twist.
A l’occasion de ces surprises parties, nous avions découvert avec intérêt les talents de twister de notre cousin Christian.
Un genou à terre, ses jambes maigres serrées dans un pantalon bleu marine, il laissait onduler son autre jambe au rythme de la musique tandis que ses bras et sa tête s’agitaient à contretemps.
Sous les applaudissements, il reprenait à l’envie sa démonstration.
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