Le plus marquant de ces préparatifs, ma mère m’a confirmé par la suite lorsque je l’interrogeais, que cela s’était bien produit, avait été pour moi l’histoire des fusils dans le jardin.
Pendant longtemps, j’avais qualifié cet épisode « la grotte de la vierge et les fusils du jardin ». Dans mes souvenirs, deux moments très différents se superposaient à tort.
Il y avait d’une part cet après midi au cours duquel mon père m’avait emmené avec lui pour procéder à la visite finale de travaux qu’il avait réalisés dans la cour du presbytère pour le compte de la paroisse.
Dans le coin de cette cour qui abritait le patronage tous les jeudis après midi, il avait à la demande du curé du village réalisé une vierge dans la grotte qui servirait de point final aux processions du mois de Marie et du quinze août.
Maçon réputé pour sa capacité à travailler le ciment, mon père s’était fait une spécialité du faux bois en béton dont nombre de maisons d’Aïn-El-Arba étaient décorées, mais aussi de la réalisation de grottes aux rochers colorés imitant parfaitement les replis torturés de l’anfractuosité naturelle qui servit de décor à l’apparition de la vierge de Lourdes.
Nous étions donc, au cours de cet après midi, dans la cour déserte du presbytère mon père et moi accompagnés de Romain, une sorte de factotum de la paroisse, en train de contempler les œuvres paternelles et gloser sur la qualité symbolique et représentative de cette grotte plus vraie que nature.
J’écoutais avidement les dialogues des grands, m’imprégnant de tout ce qui se disait, goûtant avec autant d’avidité le plaisir d’avoir été admis dans cette cour à laquelle nous n’avions accès que le jeudi après midi.
Un peu à l’écart des deux adultes que j’accompagnais, je revoyais nos jeux des derniers jeudis, jeu du foulard, balle au prisonnier, délivrance, et autres saynètes auxquels l’imagination débordante des jeunes gens qui nous surveillaient nous soumettait.
Pendant longtemps, j’avais qualifié cet épisode « la grotte de la vierge et les fusils du jardin ». Dans mes souvenirs, deux moments très différents se superposaient à tort.
Il y avait d’une part cet après midi au cours duquel mon père m’avait emmené avec lui pour procéder à la visite finale de travaux qu’il avait réalisés dans la cour du presbytère pour le compte de la paroisse.
Dans le coin de cette cour qui abritait le patronage tous les jeudis après midi, il avait à la demande du curé du village réalisé une vierge dans la grotte qui servirait de point final aux processions du mois de Marie et du quinze août.
Maçon réputé pour sa capacité à travailler le ciment, mon père s’était fait une spécialité du faux bois en béton dont nombre de maisons d’Aïn-El-Arba étaient décorées, mais aussi de la réalisation de grottes aux rochers colorés imitant parfaitement les replis torturés de l’anfractuosité naturelle qui servit de décor à l’apparition de la vierge de Lourdes.
Nous étions donc, au cours de cet après midi, dans la cour déserte du presbytère mon père et moi accompagnés de Romain, une sorte de factotum de la paroisse, en train de contempler les œuvres paternelles et gloser sur la qualité symbolique et représentative de cette grotte plus vraie que nature.
J’écoutais avidement les dialogues des grands, m’imprégnant de tout ce qui se disait, goûtant avec autant d’avidité le plaisir d’avoir été admis dans cette cour à laquelle nous n’avions accès que le jeudi après midi.
Un peu à l’écart des deux adultes que j’accompagnais, je revoyais nos jeux des derniers jeudis, jeu du foulard, balle au prisonnier, délivrance, et autres saynètes auxquels l’imagination débordante des jeunes gens qui nous surveillaient nous soumettait.
Mais déjà, même dans cette collectivité rurale que nous formions, la télévision avait fait son apparition, et nous étions quelques-uns uns à chercher pendant ces après midis encadrés, des raisons d’y échapper.
Le but de ces escapades était la maison de Fernande, la gouvernante du curé et la sœur de Romain où nous pouvions regarder Mire et Disques.
Le vendredi matin, dans la cour de l’école, nous étions quelques-uns uns à snober les autres leur disant :
- tu n’as pas vu Mire et Disques ?
J’ai découvert bien plus tard la signification de Mire et Disques. Cette « émission » que nous attendions chaque jeudi était en fait la diffusion de musique pendant l’affichage de la mire qui permettait de régler les contrastes des 36000 nuances de gris qu’offrait la TV en noir et blanc.Cette mire ressemblait aux jeux de petits chevaux avec quatre branches en croix et une multitude de rectangles ou de zones géométriques présentant autant de variation de gris.
Le cavalier à la trompette sur son cheval cabré qui figurait au centre de la mire nous impressionnait particulièrement et suscitait d’interminables débats sur la raison de sa présence.
Certains allaient même jusqu’à prétendre qu’il s’agissait de David Crockett et s’approchaient de l’écran pour désigner sur l’écran une forme qui selon eux était la toque de fourrure du héros.
Cette grotte à la vierge dans la cour du presbytère s’était transportée, dans mes souvenirs, au fond de notre jardin, contre le mur de pierres jointoyées recouvert d’une vigne qui séparait notre maison de celle de Pascual Belda.
Je m’interroge encore sur la raison de cette confusion entre deux souvenirs distincts, bien identifiés dans le temps et dans les événements qu’ils concernent.
Une première raison tient sans doute au décor, les vieilles pierres du mur rappelant, de façon étrange, le décor en ciment coloré imaginé par mon père pour la grotte du presbytère.
J’avoue que l’idée d’une grotte à la vierge dans le fond de notre jardin m’a toujours paru une éventualité plausible dans cette partie éloignée du jardin propice au recueillement.
Une deuxième raison tient peut être au fait que mon père était accompagné de Romain dans un cas et de mon Oncle Joseph dans l’autre.
La confusion entre les deux personnages peut s’expliquer par une analogie formelle, leurs habitudes de grands fumeurs, et aussi leur propension à tout conceptualiser pour proposer des théories opérationnelles sur la plupart des événements les plus anodins soient-ils.
Toujours est-il que j’assistais peu avant notre départ aux efforts de mon père et de mon oncle, dans le jardin, sans grotte à la vierge, pour dégager la dalle du regard de la fosse septique enfouie sous quelques centimètres de terre, et y enterrer des fusils dont ma mère m’apprenait quelques années plus tard qu’ils appartenaient au curé.
Le but de ces escapades était la maison de Fernande, la gouvernante du curé et la sœur de Romain où nous pouvions regarder Mire et Disques.
Le vendredi matin, dans la cour de l’école, nous étions quelques-uns uns à snober les autres leur disant :
- tu n’as pas vu Mire et Disques ?
J’ai découvert bien plus tard la signification de Mire et Disques. Cette « émission » que nous attendions chaque jeudi était en fait la diffusion de musique pendant l’affichage de la mire qui permettait de régler les contrastes des 36000 nuances de gris qu’offrait la TV en noir et blanc.Cette mire ressemblait aux jeux de petits chevaux avec quatre branches en croix et une multitude de rectangles ou de zones géométriques présentant autant de variation de gris.
Le cavalier à la trompette sur son cheval cabré qui figurait au centre de la mire nous impressionnait particulièrement et suscitait d’interminables débats sur la raison de sa présence.
Certains allaient même jusqu’à prétendre qu’il s’agissait de David Crockett et s’approchaient de l’écran pour désigner sur l’écran une forme qui selon eux était la toque de fourrure du héros.
Cette grotte à la vierge dans la cour du presbytère s’était transportée, dans mes souvenirs, au fond de notre jardin, contre le mur de pierres jointoyées recouvert d’une vigne qui séparait notre maison de celle de Pascual Belda.
Je m’interroge encore sur la raison de cette confusion entre deux souvenirs distincts, bien identifiés dans le temps et dans les événements qu’ils concernent.
Une première raison tient sans doute au décor, les vieilles pierres du mur rappelant, de façon étrange, le décor en ciment coloré imaginé par mon père pour la grotte du presbytère.
J’avoue que l’idée d’une grotte à la vierge dans le fond de notre jardin m’a toujours paru une éventualité plausible dans cette partie éloignée du jardin propice au recueillement.
Une deuxième raison tient peut être au fait que mon père était accompagné de Romain dans un cas et de mon Oncle Joseph dans l’autre.
La confusion entre les deux personnages peut s’expliquer par une analogie formelle, leurs habitudes de grands fumeurs, et aussi leur propension à tout conceptualiser pour proposer des théories opérationnelles sur la plupart des événements les plus anodins soient-ils.
Toujours est-il que j’assistais peu avant notre départ aux efforts de mon père et de mon oncle, dans le jardin, sans grotte à la vierge, pour dégager la dalle du regard de la fosse septique enfouie sous quelques centimètres de terre, et y enterrer des fusils dont ma mère m’apprenait quelques années plus tard qu’ils appartenaient au curé.
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