dimanche, février 11, 2007

DEVANT LA MAISON (2)

A cette époque, avant que les événements ne nous en empêchent, nous passions Alain, Gérard et moi, le plus clair de notre temps dans la rue devant nos maisons qui étaient proches l’une de l’autre dans la rue qui aboutissait à l’oued..
Nos amis algériens, Ali Bou Basla, un grand noir du nom de Ouafi Ben Yakoub, et El Micki, étaient toujours associés à nos promenades et à nos jeux.
L’électrification du village avait conduit l’EGA (l’EDF-GDF algérien) à implanter un nouveau poteau en béton gris juste au coin de notre maison.
Ce poteau nous servait de point de ralliement au retour de l’école. Nous discutions souvent devant lui, avant de nous séparer après d’interminables discussions. Alors que nous étions arrivés à la maison, nos camarades Ali El ouafi et El Micki avaient encore du chemin à faire le long de l’oued pour parvenir chez eux.
Nos discussions tournaient souvent autour de notre capacité à escalader le poteau le long des échelons qui étaient moulés dans le béton. Nous avions vu faire les techniciens de l’EGA qui habilement pouvaient grimper jusqu’aux fils électriques pour procéder aux réparations nécessaires en cas de panne.
La date 1960 avait été gravé à même le béton, montrant que nous avions changé de décennie en abandonnant les années 1950.
Nous passions les doigts dans le creux des chiffres comme pour nous persuader que nous étions maintenant pour dix années dans la décennie 60, et évoquions avec une sorte de vertige la perspective de poteaux portant la date 1970 gravée dans le ciment. Nous ignorions que notre histoire avec à Aïn-El-Arba s’arrêterait en 1962.
Au pied de ce poteau, nous regardions jusqu’à ce qu’ils disparaissent derrière le parapet de l’oued, nos trois amis continuer leur chemin.
Une de ces fins d’après midi, nous étions aller nous asseoir ensemble sur le parapet de ciment qui bordaient l’oued; pour regarder des pièces de 1 Nouveau Franc, cherchant à comprendre comment 100 francs pouvaient comme par enchantement devenir 1 nouveau Franc.
Alain Gomez, particulièrement perspicace et plus habitué aux choses du commerce et de l’économie, nous expliquait que ces pièces de 1 Nouveau Franc, parce qu’elles portaient l’effigie du Général De Gaulle en lieu et place de la semeuse sur les anciennes pièces de 100 Francs, justifiaient le changement intervenu dans leur valeur. Cette explication nous paraissait plausible même si à la réflexion elle nous laissait perplexe, mais nous n’en avions pas trouvé de meilleure !