samedi, avril 08, 2006

LA TORIA LE DECOR ET LA MOTO ACCIDENTEE

Notre chambre, la chambre du fond, était le plus souvent le lieu où nous mettions au point notre stratégie et son mode opératoire.
Sur la table de nuit à la tête du lit où dormait mon frère Jean, étaient posés en évidence deux livres et un disque dont les illustrations de couverture formait la trame dramatique de nos jeux. L’église des saints et des martyrs de Daniel Rops était illustré par une scène de martyr très réaliste où l’on voyait un chrétien dont l’œil était crevé à l’aide d’une énorme vrille manœuvré par un bourreau sadique. L’édition de poche de Via Mala de John Knittel, montrait au premier plan de la couverture un personnage au visage verdâtre qui tenait dans sa main un énorme bâton, il sortait d’une pièce que l’on voyait au second plan, et à travers la porte ouverte, on distinguait les pieds d’un homme étendu dont on pouvait pensé qu’il avait été occis par le personnage principal dont le regard portait toute la méchanceté dont il était capable.
Sans jamais oser lire une seule ligne de ces deux ouvrages j’imaginais leur contenu
Enfin nous écoutions à l’envie le passage de Peer Gynt ou une voix sépulcrale déclamait derrière une avalanche de musique :

- Je mettrais ton sang dans un bol et je le boirais !

C’est dans cette atmosphère particulière que notre frère Jean nous soumettait aux torias pendant la sieste. La Toria était une sorte de délire qu’il simulait dans un demi-sommeil de somnambule, en prenant le soin de préciser qu’il était absolument dangereux et déconseillé de réveiller un somnambule pendant son sommeil.
Le jeu se terminait en général alors que nos cris amenait ma mère à intervenir.

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