samedi, avril 08, 2006

L'ARABE FOU ET LES HIRONDELLES SOUS L'ORAGE MENACANT

Les fins d'été orageuses, nous ravissaient. L'après midi radieuse de lumières, se transformait soudain, alors que la chaleur nous brulait encore quelques minutes plus tot, en soirée d'un gris sombre aux contrastes improbables.
Sous un ciel de nuages menaçants auxquels le soleil donnait des teintes étonnantes de gris et de violet profond, nous regardions voler, de plus en plus bas, les hirondelles dont les cris aigus nous remplissait de joie, et dont les plumes frolaient nos cheveux à chaque passage.
Dans ce décor irréel, nous courrions en criant dans la rue, passant d'un trottoir à l'autre, tenant à la main d'immenses rameaux d'épines blanches pour essayer d'y clouer un vol d'hirondelles.
Ce jeu cruel était l'objet d'un enjeu macabre dont sortait vainqueur celui qui accrochait les premières gouttes de sang sur son bouquet d'épines.
Image étrange du souvenir de cet après midi d'aout algérien, un cheval lancé au galop dans la rue se superpose, sans que je ne puisse assurer s'il est partie de la réalité ou s'il est hérité de rêves ultérieurs.
Des groupes d'enfants supportent de leurs cris, chacun dans leur langue, les héros de leur communauté. Une petite fille, le visage couvert de marques de henné, la chevelure rouge cuivre traversée par les bourrasques d'un vent de plus en plus violent me regarde de ses yeux dont la noirceur annonce la pluie imminente.
Lancé à la poursuite du cheval, un arabe fou de notre voisinage est violemment interpellé par des hordes d'enfants.
Il s'arrête et engage avec nous une conversation dont je ne saisis pas le sens. Bientot, il est la risée de tous et je comprend qu'on cherche à lui faire croire qu'une souris au quel qu'autre animal est entré dans ses vêtements.
Le visage ravagé par la peur il se déshabille en hate, charchant à chasser l'animal imaginaire.
Des femmes sortent en hurlant des maisons avoisinantes pour le protéger de nos jeux, et vilipender notre cruauté d'enfants stupides.
Les hirondelles crient de plus en plus forts comme pour venir en aide à ces mères choqués de notre comportement, le vent souffle de plus en plus, et la pluie rageuse vient mettre un terme à cette folie d'un après midi d'été.

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