samedi, avril 08, 2006

LE DERNIER SEJOUR DE TONTON RAYMOND

C’est en octobre 196O je crois, que notre maison accueillait la dépouille d’un autre oncle, Raymond, emporté par la maladie, le mari d’une sœur de ma mère à laquelle nous étions très attachés.
La conduite que je devais adopter face à mes cousins touchés par un événement dont la possible survenance restait pour moi l’une des plus grandes terreurs reste le souvenir le plus frappant de cet événement.

Pour éviter de mobiliser un lit occupé par un vivant, la salle à manger des jours de fête et de liesse avait été dressée en salon funéraire, je me souviens dusoleil éclatant de ce jour là.
Mon grand oncle Melchior avait été réquisitionné pour déménager les meubles afin de pouvoir installer le cercueil face à la porte de cérémonie, une double porte battante souvent condamnée qui donnait dans le couloir de l’entrée principale.

Mes plus jeunes cousines âgées de deux et trois ans
Semblaient toujours marquer un temps d’arrêt devant cette porte bien longtemps après l’événement, qui leur avait été présenté comme un voyage chez tata Denise pour adoucir la cruauté de la nouvelle.
La plus jeune, lorsqu’elle pénétrait dans la pièce et qu’elle y voyait une salle à manger, marquait une pause et semblait toujours chercher le lit dont elle avait conservé l’image dans son souvenir comme si cela n’avait été qu’un rêve troublant dont elle cherchait à effacer les traces.

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